Augmentation des taux d’intérêt : quel impact sur vos projets immobiliers ?
Pendant des années, les taux d’intérêt à long terme ont été proches de zéro. Une différence de taille pour votre prêt hypothécaire. Mais aujourd’hui, à l’heure où les taux semblent devoir grimper en flèche, des questions se posent. Pourquoi cette hausse ? Quel impact pour vos projets immobiliers ? Nous avons interrogé Brecht Coene de Spaargids.be
Quels sont les taux actuels ?
« Pour que les choses soient claires, lorsque l’on parle de prêt hypothécaire on parle d’un taux d’intérêt à long terme », précise Brecht Coene d’entrée de jeu. « Il existe aussi un taux d’intérêt à court terme, sur la base duquel est, par exemple, calculé le rendement de votre compte d’épargne. Aujourd’hui, cet intérêt est négatif, au-dessous de zéro. N’imaginez donc pas que vos économies vont être mieux rémunérées aujourd’hui, bien au contraire. Actuellement, le taux d’intérêt à long terme atteint 1,5 %, ce qui est largement supérieur aux années 2020-2021 où il était encore proche de zéro. »
L’origine de cette hausse est un mécanisme complexe. « Nous sommes pris dans un cercle de phénomènes imbriqués et ce cercle se renforce de lui-même. La fin de la pandémie, par exemple, a entraîné une hausse des prix et de l’inflation, renforcées par la guerre qui sévit depuis deux mois en Ukraine. Une banque centrale dispose de peu d’instruments pour lutter contre cette inflation. Outre la réduction des achats d’obligations – qui permet d’injecter de l’argent sur le marché – elle augmente surtout le taux de base. Aux États-Unis, la banque centrale est déjà intervenue à plusieurs reprises au cours des derniers mois, tandis que l’Europe a attendu jusqu’au début de l’année et il semble aujourd’hui qu’elle devrait tout de même agir cet été. »
Ce taux d’intérêt est-il vraiment élevé, historiquement parlant ?
« Cela dépend évidemment du terme considéré », répond Brecht Coene. « Si vous vous penchez sur les cinq dernières années, c’est effectivement le taux le plus élevé. Mais si vous retournez dix ans en arrière, vous verrez qu’en 2013 les taux à long terme se situaient autour de 3 %. Et fin des années 70 début des années 80, ils étaient nettement plus élevés encore. »
À quel impact faut-il s’attendre pour les crédits hypothécaires ?
Simple : nous devrons payer plus d’intérêts. Pour les prêts immobiliers, les banques fixent leurs taux en fonction de l’évolution des taux d’intérêt à long terme. Mais alors, au lieu d’un taux d’intérêt fixe, ne serait-il pas judicieux d’opter pour un taux variable en espérant une baisse à long terme ? Brecht Coene réfute cette approche : « On ne choisit un taux variable que si l’on prévoit une baisse des taux. Bien entendu, vous avez la garantie que le taux variable qui vous a été octroyé ne pourra jamais plus que doubler, ce qui vous assure contre des augmentations très brutales et imprévisibles. Mais cela reste un pari insensé à court terme : mieux vaut opter pour un taux fixe légèrement supérieur au taux variable mais qui restera inférieur à un éventuel doublement. Nous constatons que la plupart des gens suivent ce raisonnement puisque 99% des prêts dont nous avons connaissance sont à taux fixe. Parallèlement, nous constatons aussi que le nombre d’emprunteurs cherchant à refinancer leur prêt a considérablement diminué. C’est tout à fait logique : avec des taux d’intérêt plus élevés que ces dernières années, ce n’est pas le moment de faire réviser son prêt. »
Faut-il reporter quelque peu l’achat de son logement ?
« Absolument pas », estime Brecht Coene. « Non seulement il est tout à fait incertain que les taux d’intérêt baissent à nouveau prochainement mais la hausse des prix de l’immobilier ne semble pas près de s’arrêter. Et je ne parle même pas du renchérissement du prix des matériaux de construction ! Dans tous les cas, il reste préférable d’acheter maintenant que de reporter son projet à plus tard. »